Le père ou le co-​parent doit ré­in­ven­ter sa place bien sou­vent car les mo­dèles des pères ont été fré­quem­ment man­quants ou dé­viants avant. Bien sûr cha­cun trou­ve­ra ses pe­tits trucs, ses propres ri­tuels. Ce­pen­dant, il y a une place es­sen­tielle et at­ten­due pour ce fa­meux tiers, son rôle est pri­mor­dial pour le bon dé­ve­lop­pe­ment de la nou­velle fa­mille. Cet ar­ticle n’est pas ex­haus­tif mais si­gni­fi­ca­tif pour mon­trer ô com­bien les pères sont im­por­tants ! On en parle maintenant !

[P.S. : le terme « père » peut être rem­pla­cé par « co-​parent » ou « tiers », pre­nez soin d’ajuster mes mots à votre propre réalité]

D’abord dans le faire, entre lo­gis­tique et protection

Lors de la gros­sesse et de sur­croît pen­dant l’accouchement, le co-​parent a une place es­sen­tielle pour prendre soin de la bulle de la femme en­ceinte. Rap­pe­lons qu’en Āyur­ve­da, il est très clair que la femme en­ceinte doit être pro­té­gée des émo­tions fortes, des en­vi­ron­ne­ments bruyants, de la vio­lence, de l’agressivité, etc. Son par­te­naire est la per­sonne idéale pour prendre sur lui les pe­tits sou­cis qu’il peut y avoir au quo­ti­dien. Par exemple, il peut ou­vrir les cour­riers désa­gréables comme les fac­tures (il y a sou­vent des mau­vaises sur­prises !), ré­pondre au té­lé­phone même quand c’est la belle-​mère (!!) ou en­core par­ler à la se­cré­taire désa­gréable du gy­né­co (c’est du vécu !). Bien évi­dem­ment, plus on s’approche du terme de la gros­sesse, plus ce rôle va prendre de l’importance puisque la femme sera de plus en plus ailleurs et c’est phy­sio­lo­gique, elle se pré­pare à enfanter !

Lors de l’accouchement, c’est bien sou­vent le par­te­naire qui va avoir le pro­jet de nais­sance en tête, veiller à le rap­pe­ler si né­ces­saire et prendre soin à ce que sa femme puisse uni­que­ment se concen­trer sur le tra­vail de l’accouchement, ce sera idéa­le­ment le pre­mier in­ter­lo­cu­teur du/​des pro­fes­sion­nels de la nais­sance. Si c’est un ac­cou­che­ment à la mai­son, le co-​parent de­vra s’occuper de tout l’espace de l’accouchement (mettre des alèses, mon­ter la pis­cine d’accouchement, etc) et de sa femme (la faire boire, la sou­te­nir etc). Bref, vous l’avez com­pris, le tra­vail du co-​parent com­mence avant même la nais­sance de son en­fant et conti­nue de plus belle après.

Les pre­miers rôles et non des moindres du co-​parent sont donc d’agir pour pro­té­ger sa femme, leurs dé­ci­sions de couple et en­suite son foyer des in­tru­sions ex­té­rieures. C’est pour­quoi dans les ren­contres de vos sui­vis Dou­la, c’est tou­jours mieux que les deux (fu­turs) pa­rents soient là car le co-​parent est le par­te­naire aus­si de la réus­site de votre vie de famille.

Il pose les briques, c’est la fi­gure interdictrice

A par­tir des 1 an de bébé, nous pas­sons à un autre stade de dé­ve­lop­pe­ment psy­chique : l’enfant s’est bien an­cré dans son foyer, rem­pli d’amour et peut-​être en abon­dance de lait ma­ter­nel. Main­te­nant, c’est le temps de l’apprentissage de la sé­pa­ra­tion, des li­mites et bien sûr aus­si de l’estime de soi grâce aux mo­ments pas­sés en pré­sence avec ses pa­rents et toutes les per­sonnes de ré­fé­rence pour l’enfant. Le co-​parent a un rôle émi­nent dans ces 3 as­pects et par­ti­cu­liè­re­ment dans la sé­pa­ra­tion puisque c’est le fa­meux tiers face au duo mère-​bébé qu’il élar­git : peu à peu il tire sur l’élastique pour d’une part re­trou­ver une vie de couple sa­tis­fai­sante et d’autre part ou­vrir son bébé au monde en­vi­ron­nant. C’est bien sûr une étape conco­mi­tante avec l’acquisition de la marche qui fait que bébé va ex­plo­rer au-​delà du connu et sur­tout au-​delà des li­mites at­ten­dues : le père est la fi­gure in­ter­dic­trice par excellence.

C’est as­sez dé­rou­tant d’ailleurs à quel point une mère peut ré­pé­ter x fois la même consigne, cher­cher mille et une autres fa­çons de faire com­prendre la li­mite et quand le père hausse le ton, dit « non », comme par ma­gie, l’enfant écoute. En fait, pour une mère qui a ma­ter­né et ma­terne en­core son bébé, l’allaite par­fois en­core, est plus pré­sente au­près de lui au quo­ti­dien, peut-​être en­core en fu­sion avec son bébé, c’est ex­trê­me­ment dif­fi­cile de prendre la cas­quette de l’autorité pour faire in­té­grer les li­mites à son en­fant. Aus­si, le père est la per­sonne idéale et es­sen­tielle aus­si au quo­ti­dien pour faire res­pec­ter les règles de la mai­son mais aus­si de la bien­séance. Il est donc cru­cial qu’il puisse par­ta­ger avec l’enfant et la mère au moins un temps au quo­ti­dien (ex : le dîner).

Être père, c’est en­dos­ser son rôle de faire bar­rière : sé­pa­rer bébé et mère de la fu­sion mais aus­si po­ser un cadre clair et ferme à l’enfant pour l’aider à se structurer.

Il ouvre l’enfant au monde par sa va­li­da­tion des com­por­te­ments sociaux

Bien évi­dem­ment, le père n’est pas juste la per­sonne qui agit et qui in­ter­dit, il a un rôle très im­por­tant dans l’ouverture et l’apprentissage des codes so­ciaux à l’enfant, ce qui s’intègre bien sûr déjà par ses rôles pré­cé­dents mais aus­si parce que le père re­con­naît son enfant.

Quand le père ver­ba­lise les com­por­te­ments de son en­fant, il lui dit qu’il le voit. Quand il in­va­lide cer­tains com­por­te­ments par l’instauration des li­mites et quand il va­lide d’autres com­por­te­ments so­cia­le­ment ac­cep­tés, il donne de l’attention à son en­fant, il lui ap­prend à vivre dans notre monde en lui don­nant les règles pour pou­voir en­suite s’y épa­nouir pleinement.

Quand le père va­lo­rise son en­fant pour ses bons com­por­te­ments, quand il le re­mer­cie d’exister, quand il lui dit com­bien il l’aime, là plus que d’assurer le bon dé­ve­lop­pe­ment de l’estime de son en­fant, il lui montre aus­si à quel point il est im­por­tant pour lui et à quel point il est fier de son en­fant. C’est une base pré­cieuse et es­sen­tielle pour sa sta­bi­li­té in­té­rieure, sa sé­cu­ri­té af­fec­tive et sa confiance gran­dis­sante pour al­ler dans le monde en se sen­tant outillé.

Parce que, au fond, ce que nous sou­hai­tons pour nos en­fants c’est qu’ils puissent s’épanouir dans ce monde qui est le leur aus­si et que le père lui per­met d’appréhender avec toutes les notions-​clés, tous les re-​pères dignes d’un père. Chers pères et co-​parents, mer­ci d’être les dignes re-​pères de nos enfants.

N’hésitez pas si vous avez des com­men­taires ou des re­marques sur ce vaste su­jet qu’être père. Je ne suis pas la plus ex­perte en étant mère et c’est ok.

A très bientôt !

Les autres articles

Les com­pé­tences du nouveau-né

Nous par­lons ici de l’en­vi­ron­ne­ment fa­vo­rable aux com­pé­tences du nouveau-​né, sur­tout dans sa pre­mière heure de vie. Je vous ex­pli­cite les com­pé­tences de bébé qui peuvent alors se ma­ni­fes­ter et abou­tir à la pre­mière té­tée spon­ta­née (et in­do­lore !). Vous com­pren­drez ain­si pour­quoi il faut re­pous­ser les pre­miers soins de bébé — né à terme et en san­té — et pen­ser en termes de continuité.

10 re­com­man­da­tions de lec­ture en périnatalité

Je vous parle de 10 livres que je vous re­com­mande en pé­ri­na­ta­li­té : ils sont beaux, ils font sens et même une vraie dif­fé­rence sur le che­min d’être ou de de­ve­nir pa­rents. C’est mer­veilleux à quel point un livre peut trans­for­mer, tou­cher, faire du bien, ai­der. Bonnes (re)lectures et n’­hé­si­tez pas à par­ta­ger vos propres coups-de-coeurs !

De l’expérience du de­ve­nir mère

De­ve­nir mère, vaste su­jet que j’a­borde d’a­bord dans ses grands contours : l’ins­tant où l’on de­vient mère, l’an­nonce de la gros­sesse puis la ren­contre avec son bébé. Plu­sieurs op­por­tu­ni­tés d’­ho­no­rer la mère : elle a le pri­vi­lège de por­ter la vie, de nour­rir la vie et de vivre un océan d’amour.
Ôde aux mères.

Réus­sir son post-​partum entre tra­di­tion et modernité

Le post-​partum a long­temps été un su­jet ta­bou. Au­jourd’­hui on nous parle du « mois d’or », comme un temps de re­pos, sans en ex­pli­ci­ter vé­ri­ta­ble­ment les fon­de­ments ni la tra­di­tion.
C’est chose faite ici pour une vé­ri­table adap­ta­tion de la tra­di­tion ayur­vé­dique du pre­mier mois de votre nou­velle vie de fa­mille fa­cile à in­té­grer à la vie occidentale !

Les Do­shas au cœur de la pré-conception

L’Āyur­ve­da se concentre avant tout sur la pré­con­cep­tion pour po­ser les fon­da­tions so­lides de la bonne san­té de la fa­mille. Ef­fec­ti­ve­ment, la fé­con­da­tion et le bon dé­ve­lop­pe­ment du foe­tus dé­pendent ma­jo­ri­tai­re­ment des pa­rents. C’est l’op­por­tu­ni­té d’af­fi­ner le concept des Do­shas qui œuvrent sans cesse pour vous gar­der en san­té (si vous les y aidez).